FOIRE AUX QUESTIONS MÉDITATION

1. Questions de base

Q : La méditation est-elle une démarche de bien-être ?

De par ses effets bénéfiques, la méditation est devenue au fil du temps une démarche de bien-être. Mais, dans le bouddhisme, une véritable démarche de méditation est une démarche de libération (=éveil) qui invite à comprendre, par la pratique, que la souffrance est créée par nos perceptions erronées de la réalité.

Q : Pourquoi des techniques ? Est-ce que s’asseoir sur un coussin et simplement être ne suffit pas ?

Pour commencer à répondre à cette question, je citerai une phrase de Jetsun Khandro Rinpoché, un des lamas tibétains les plus renommés vivant aujourd’hui. Elle a parfaitement résumé ce point lors d’un séminaire auquel j’ai participé il y a quelques années :

« La méditation, c’est simplement être, sans perturbations, dans la fraîcheur de l’instant, sans effort, sans étiquetage ni enregistrement, et sans désirs. Mais à cause de l’agitation mentale et de l’identification personnelle, il peut être difficile de simplement être. C’est pour cela que des techniques existent. Si vous me demandez comment méditer, je vous répondrai qu’il n’y a rien à faire. Si vous n’y arrivez pas, je vous enseignerai des techniques pour vous aider à ne rien faire. »

À ce magnifique enseignement j’ajouterai que s’il peut être facile de s’asseoir dans un endroit calme et de simplement être, cela devient plus compliqué quand on essaie de le faire dans la vie de tous les jours. Les techniques aident donc à méditer, mais aussi et surtout à pouvoir transposer cela dans la vie de tous les jours. Avec le temps les techniques s’effacent et il n’y a plus de techniques.

Q : Pourquoi je ressens parfois des choses désagréables pendant une méditation ?

Parce que se poser en silence fait automatiquement apparaître des choses que l’on ne voit pas quand on court toute la journée. C’est une libération, un lâcher-prise profond qui s’enclenche, comme quand on retire un clou de son peid. Mais comme beaucoup de gens pensent que la méditation est un outil de bien-être, ils ont l’impression qu’il y  a un problème quand quelque chose de désagréable se passe.

C’est la raison pour laquelle je répète souvent qu’une véritable démarche de méditation n’est PAS une technique de bien-être.

Q : Pourquoi méditer en silence ? Pourquoi pas avec de la musique douce ? 

Tout ce qui est utilisé pour se sentir mieux, pour se calmer ou pour changer son état présent est là dans un but de bien-être (et c’est parfait !). La méditation traditionnelle n’a pas pour but d’améliorer l’état d’un personnage, elle a pour but de réaliser, par la pratique, la réalité de ce qui est ressenti et de celui qui ressent. Ce n’est pas pour cela qu’il ne faut pas combiner les deux. Prenons aussi du temps pour se détendre.

Q : Est-ce que je médite quand je peins, quand je jardine ou quand je joue de la musique ?

Il y a souvent une confusion entre « méditer » et « être dans un état méditatif ». La pratique d’une activité qui capte toute votre attention vous met naturellement dans un état méditatif. Mais dès que vous arrêtez votre activité, cet état disparaît. Dans une démarche de méditation, c’est vous qui choisissez de vous mettre dans un état méditatif. En pratiquant délibérément, cet état devient votre état naturel et se transpose dans absolument toutes les activités de votre vie. Votre perception change, votre vision de la réalité aussi.

Q : Vous avez pratiqué plusieurs techniques (voir : Principaux types de méditations). Qu’est-ce que vous transmettez exactement ?

Ce que je transmets vient de plusieurs courants, mais en respectant ce que j’ai expérimenté comme étant un sens logique. Le point de départ est vipassana, qui enseigne comment se détacher des pensées et comment observer ce qui se passe en développant l’équanimité (= non jugement). Quand on devient capable de laisser les pensées et émotions apparaître librement, on peut pratiquer zazen (le zen est apparu plusieurs centaines d’années après vipassana). Ensuite, on peut aller plus loin et se mettre à découvrir la vraie nature de l’esprit, comme le font les tibétains (le bouddhisme tibétain est apparu plusieurs centaines d’années après le zen). À lire : Philosophie bouddhiste.

Q : Vous parlez de se détacher de ses émotions, mais n’y a-t-il pas un risque de ne plus rien ressentir du tout ?

Se détacher de ses émotions est une étape qui sert à ne plus s’identifier à celles-ci et à en observer la véritable nature, pas à ne plus les sentir. Toute technique visant à rejeter ou à ne pas sentir une émotion désagréable est une technique de bien-être et pas une technique d’introspection. L’idée que la méditation permet de ne plus sentir certaines émotions vient d’une erreur d’interprétation. On croit que le sage ne sent rien, alors qu’en fait le sage sent mais n’en souffre pas (parce qu’il ne rejette pas ce qu’il ressent). Sans la souffrance, la tristesse par exemple est juste une sensation physique comme une autre. Elle n’est donc plus un problème.

Q : Je médite mais je n’arrive pas à ne plus penser !

En essayant de ne plus penser, vous créez des pensées (je suis en train de penser) et des jugements (je pense trop !) qui à leur tour créent des pensées. C’est sans espoir. La méditation n’a pas pour but de changer ce qui est. Si vous pratiquez correctement, l’effet sur le nombre de pensées est un effet secondaire mais ne devrait jamais être l’objectif visé pendant que vous pratiquez.

Q : Est-ce qu’un mantra peut m’aider ?

Un mantra peut effectivement être un objet de concentration. Le problème du mantra, c’est que l’on risque vite de ne plus arriver à méditer sans lui. Certaines personnes se mettent alors à le réciter toute la journée, ce qui peut donner cette impression qu’ils sont un peu « ailleurs », sur leur planète. Le but de la méditation n’est pas d’être ailleurs, il est d’être pleinement ici.

Q : Quand je suis triste, est-ce que je peux utiliser la méditation pour ne plus sentir ma tristesse ?

Il existe plein de méditations de bien-être qui vous aideront à diminuer cette sensation de tristesse et à vous reconnecter à des sensations plus agréables. Utilisez-les tant qu’elles peuvent vous aider.

Une véritable démarche de méditation n’a pas pour but de ne plus sentir. Son but est de vous aider à comprendre. Pas intellectuellement mais par une expérience directe. Comprendre ce que vous appelez « tristesse », comprendre que si vous pouvez la sentir c’est parce qu’il y a quelqu’un qui sent et une tristesse quelque part, comprendre que ce qui sent n’est pas triste, et comprendre que ce que vous êtes c’est ce qui est conscient de ce qui est senti.

Ce n’est pas ce que nous dit de faire notre société, c’est plus compliqué que de juste essayer de se sentir mieux, mais c’est le seul moyen de sortir de votre prison mentale. C’est ce que je transmets. 

Q : La méditation peut-elle m’aider à accepter ce qui se passe dans le monde ?

Oui, mais pas dans le sens classique d’accepter. Quand on comprend ce qui se passe réellement, il n’y a plus rien à accepter. Le travail d’acceptation est souvent une étape mentale importante. Mais au final vous comprendrez que si vous essayez d’accepter c’est parce que vous refusez ce qui est. La méditation sert à démonter le refus. L’idée même d’accepter s’effondre quand le refus disparait.

Q : Je ne comprends pas quand vous dites que l’on ne peut comprendre certaines choses logiquement. Si vous m’expliquez clairement je peux comprendre, je ne suis pas stupide…

L’exemple le plus adapté est celui de tomber amoureux. Comment expliqueriez-vous à quelqu’un ce qu’est « tomber amoureux » ? Vous pourriez utiliser tous les mots du monde, rien ne peut remplacer le fait de le vivre. Quelqu’un qui n’est jamais tombé amoureux ne peut pas savoir ce que c’est. Et ce n’est pas pour autant qu’il est stupide.

Q : J’ai essayé d’écouter des méditations guidées mais je n’arrive pas à me visualiser comme une montagne. 

Moi non plus.

2. Questions plus profondes

Q : Comment sait-on que l’on peut arrêter de méditer ?

Comment savez-vous que vous pouvez arrêter d’apprendre à marcher ?

Q : Vous parlez de comprendre qui nous sommes vraiment. Je pense que j’ai compris. Alors que dois-je faire maintenant ?

Si vous aviez compris vous ne poseriez pas cette question.

Q : Quand je vois les grands maîtres, je me dis que je ne serai jamais comme eux.

Vous n’avez pas à être comme eux, vous avez à prendre conscience de ce que vous êtes déjà.

Q : Parfois quand je médite j’ai l’impression de disparaître. Est-ce normal ?

Observez la réalité : si vous pouvez voir que vous avez disparu, c’est que vous êtes là pour le voir, n’est-ce pas ? Sinon qui pourrait le voir si vous n’êtes plus là ? Donc quand vous avez l’impression de ne plus être là, plutôt que de vous demander ou vous êtes parti, cherchez ce qui est encore là quand vous êtes (apparemment) parti. Ce qui voit « que vous n’êtes plus là », c’est vous (le vrai…).

Q : Quand je médite, il y a une sorte d’arrière-plan d’où j’observe les choses qui ont l’air d’être dans une sorte d’avant-plan. Mais après je reviens dans l’avant plan. Que conseillez-vous de faire par rapport à ce mouvement ?

Les concepts d’avant-plan et d’arrière-plan sont des concepts mentaux. Ce qui perçoit l’un et l’autre n’est ni dans l’un ni dans l’autre. C’est là qu’il faut placer l’attention, en permanence, jusqu’à ce que le mouvement s’arrête naturellement.

Q : Dois-je trouver un enseignant pour m’aider à avancer ?

J’ai longtemps pensé que non. Le véritable enseignant est à l’intérieur de vous puisque la véritable connaissance (= sagesse) est une connaissance intuitive. Mais mon expérience a montré que sans enseignant, on ne peut pas « voir » où on va, puisque cet endroit n’est pas un endroit. Fréquenter quelqu’un qui a fait le chemin avant vous me semble donc inévitable si vous ne voulez pas vous perdre.

Trouvez un enseignant n’est plus une démarche compliquée. Il ne faut plus aller en Inde ou au Tibet pour en trouver un, ils sont de plus en plus nombreux, partout dans le monde et sur Internet. Laissez-vous guider et observez ce qui se passe en vous quand vous en voyez un. En vous rappelant que l’idée d’un seul maître à suivre est révolue. Ils disent tous la même chose. C’est ce « même chose » qui est pointé et qu’il faut réaliser. Le maître est à l’intérieur, c’est vous. Trouvez-le, en vous.

Q : Comment saurai-je que j’ai trouvé ce que je cherche ?

C’est très facile : si vous avez trouvé quelque chose, cela veut dire que ce n’est pas cela que vous cherchiez. Il y a une expression dans les enseignements du Zen qui dit : « Si tu trouves Bouddha, tue-le ! » Elle signifie que quoi que vous trouviez pendant ou après une pratique, c’est juste une illusion de plus.

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