Alors que j’intervenais dans un module de communication dans une formation de longue durée pour demandeurs d’emploi, une participante expliqua au groupe qu’elle avait travaillé comme une folle pendant cinq ans, la semaine, le soir et le week-end, en permanence au bord de l’épuisement.
Quand on lui demanda pourquoi elle n’avait rien fait pour changer cela, elle répondit qu’elle n’avait pas eu le choix. Elle devait absolument travailler pour s’occuper de sa fille suite à un divorce.
« Sans moi, il n’y avait personne pour s’occuper de ma fille ! »
Je lui ai demandé ce qui s’était passé après cinq ans. Elle répondit qu’elle avait fait un burn-out et qu’elle s’était retrouvée sur un lit d’hôpital pendant six mois.
Une autre participante lui demanda : « Et qui s’est occupé de ta fille alors ? »
Ça ne veut pas dire que c’est simple, et il n’y a souvent pas de solution miracle. Mais réaliser que sans nous le monde continuera à tourner, permet de prendre du recul et de chercher des solutions avec un autre point de vue.
Pour certaines ou certains, cela permet aussi, de temps en temps, de réaliser que l’on est parfois attaché à ce rôle de super-héros qui sauve le monde, à cette position d’indispensable. Que vont-ils devenir sans moi, moi qui suis tellement extraordinaire et sans qui le monde s’arrêtera de tourner ?
Lâcher prise, arrêter de se croire indispensable, peut faire mal dans un premier temps. Mais il ouvre la porte à devenir quelqu’un qui sait poser ses limites, qui se respecte autant qu’il respecte les autres, et qui devient alors une référence pour les autres. C’est paradoxalement en prenant soin de soi que l’on peut mieux prendre soin des autres sur le long terme.
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