PEUT-ON TROUVER LE BONHEUR ?

Quand on dit que l’on ne peut pas trouver le bonheur, cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas. Cela veut dire qu’il est déjà là. Si on cherche quelque chose qui est déjà là, c’est qu’on est incapable de le voir. Ce qui empêche de le voir, c’est justement le fait qu’on le cherche… Comme quand on cherche des clés qui sont dans notre poche.

Pourquoi le cherche-t-on ? Parce que nous sommes conditionnés à croire que pour être heureux il faut se sentir bien. C’est tout simplement faux et c’est paradoxalement ce qui est à l’origine de la souffrance. Quand vous avez fait deux heures d’efforts physiques intenses, vous pouvez avoir mal partout et vous sentir heureux. La semaine suivante, vous pouvez avoir mal partout mais sans savoir pourquoi, et là vous allez vous sentir mal. Quand vous payez pour regarder un film d’horreur, vous pouvez avoir peur et vous sentir heureux. En rentrant chez vous 2 heures plus tard dans le noir vous pouvez avoir peur et vous sentir très mal.

Le véritable bonheur n’a donc rien à voir avec les sensations qui sont présentes dans le corps. Il est évident que quand on se sent heureux c’est parce que des sensations agréables sont présentes. C’est pourquoi nous pensons que ces sensations doivent être là pour être heureux. Nous essayons donc de créer ou de contrôler les sensations pour qu’elles soient agréables, ce qui bloque le courant naturel de la vie et mène tout droit à la souffrance.

Le flux de la vie

Le flux de la vie change continuellement. Parfois nous sommes en accord avec ce flux, ce qui génère des sensations agréables. Parfois nous ne sommes pas d’accord, ce qui génère des sensations désagréables. L’idée que la vie peut devenir agréable en permanence est une erreur d’interprétation qui vient de l’idée que pour être heureux il faut se sentir bien. La réalité de la vie est qu’elle est une succession de moments agréables et désagréables.

Cette idée a des conséquences. Puisque nous sommes conditionnés à chercher à nous sentir bien pour être heureux, il faut que nous évitions de nous sentir mal, il faut que les autres fassent ce qui nous convient pour que nous puissions nous sentir bien, et il faut que nous fassions ce que les autres attendent de nous pour qu’ils nous aiment et que nous nous sentions bien. Si nous vivons avec cette idée que pour être heureux il faut se sentir bien, et que pour se sentir bien il faut que la vie corresponde à l’image que nous en avons, cela génère de la souffrance. Car la vie ne sera jamais comme telle, et même si elle le devenait nous serions malheureux de savoir que nous allons la perdre un jour.

L’idée qu’un jour je puisse connaître le bonheur en accédant à ce bien-être permanent est tout simplement fausse. Mais alors qu’est-ce que le bonheur ? Le bonheur est une attitude face au flux de la vie. C’est notre relation à la vie, instant après instant. Cette relation mène soit à une paix intérieure, soit à une lutte. Au bonheur ou à la souffrance.

« La véritable source du bonheur est la paix intérieure. Si notre esprit est paisible, nous serons heureux tout le temps, quelles que soient les conditions extérieures. Par contre, s’il est perturbé ou troublé d’une manière ou d’une autre, nous ne serons jamais heureux, même si les conditions extérieures sont les meilleures. Celles-ci ne peuvent nous rendre heureux que si notre esprit est paisible. Nous pouvons comprendre cela par notre propre expérience. Par exemple, même si nous sommes dans un endroit magnifique, avec tout ce dont nous avons besoin, dès l’instant où nous nous mettons en colère, tout le bonheur et le bien-être dont nous pouvions jouir disparaissent. Ceci se produit parce que la colère a détruit notre paix intérieure. »
[Guéshé Kelsang Gyatso, moine tibétain. Extrait du livre : « Comment Transformer Votre Vie »]

Comment sortir de ce fonctionnement ? En observant la réalité de ce qui se passe, nous pouvons prendre conscience que la souffrance ne vient pas de ce qui se passe. Elle vient des étiquettes mentales que nous y ajoutons. En revenant aux sensations pures à l’origine des étiquettes, une évidence apparaît naturellement : il n’y a que des sensations, toujours les mêmes, quelle que soit l’émotion ressentie. Malheureusement pour certains, ceci ne peut être compris que par l’expérience directe, pas par la logique. Lire cet article peut donc être un point de départ, mais si vous voulez le comprendre il va falloir faire la démarche vous-mêmes.

Distinguer les 3 niveaux de bonheur

Les enseignements millénaires de méditation distinguent 3 niveaux de bonheur :

  1. Le bonheur sensuel, qui dépend des sensations qui sont perçues. Il est temporaire puisque tout est impermanent et donc les conditions qui font que ce bonheur est présent finiront par disparaitre inévitablement. Nous n’attendons même pas que ces conditions changent, car quand nous avons enfin obtenu ce que nous désirions, il nous suffit de quelques jours pour avoir peur de le perdre… Ce n’est évidemment pas le fait de se sentir bien pose problème. C’est l’attachement à ce bonheur qui fait qu’on le cherche tout le temps et qu’on est prêt à tuer son voisin pour l’obtenir ou le conserver.
  2. Le bonheur de la méditation, qui apparaît quand le mental se calme. Il est également temporaire, puisque dès que l’on revient dans la vie active le mental se remet en marche. Ce qui crée un décalage entre les moments de calme que l’on ressent en méditation et la vie de tous les jours. C’est un des pièges dans lequel tombent énormément de gens qui méditent. Méditer devient alors un moyen comme un autre de se faire du bien et de retomber dans un bonheur sensuel déguisé, un bonheur « spirituel ».
  3. Le bonheur inconditionnel, qui ne dépend d’aucune condition. C’est de celui-ci dont il est question dans cet article. Il devrait être le plus simple à trouver, puisqu’il est déjà là. Mais, paradoxalement, c’est le fait qu’il est déjà là qui empêche de le voir. Parce qu’on le cherche. Et que chercher quelque chose implique l’idée que ce n’est pas présent.

Distinguer la souffrance, la douleur et les émotions

Le véritable bonheur n’est donc pas lié à ce que l’on ressent, il est une attitude par rapport à ce que l’on ressent. La souffrance vient du classement, ce que j’appelle l’étiquetage, en faisant attention de distinguer « douleur » et « souffrance ». Si vous vous cognez à un meuble il y aura de la douleur. Si vous perdez un proche il y aura de la tristesse. Vous êtes un être humain et c’est comme cela que les être humains fonctionnent. La douleur est inévitable, la souffrance est optionnelle. Pour comprendre cela j’utilise l’exemple du cinéma. Quand vous regardez un film, il s’y passe des choses agréables et d’autres non. Mais quoi qu’il se passe dans le film, cela ne change rien au fait que vous preniez plaisir à le regarder.

Notre vie suit la même logique. Soit on la vit pleinement et elle devient comme un magnifique film plein d’aventures palpitantes, soit on essaie de la contrôler (garder/rejeter) et elle devient un enfer. Vouloir que notre vie soit parfaite en modifiant uniquement son contenu est sans espoir.

Le bonheur inconditionnel ne dépend donc pas de conditions à obtenir. Il vient d’une attitude face au flux de la vie. Il n’est pas une tentative désespérée de trouver quelque chose. En prenant conscience de ce qui est, ici et maintenant, de notre désir de garder ce qui est agréable et de celui de rejeter ce qui ne l’est pas, il devient possible de percevoir que le fait de vivre pleinement « ce qui est », sans interprétation du mental, est exactement ce que l’on cherchait.

Distinguer bonheur et joie

Si ce bonheur inconditionnel est toujours là, ce n’est pas pour autant que la joie est présente. Pourquoi ? Parce que la joie est une émotion. Cette joie apparaît quand il y a un besoin de partager. Quand ce bonheur dont il est question ici est trouvé, il est donc nécessaire d’en faire quelque chose, de l’offrir aux autres. Sinon il stagne à l’intérieur et brûle tout.

Quand je parle de chercher le bonheur, je ne parle pas de cette impulsion naturelle et inévitable qui pousse à expérimenter la vie, à chercher à se faire du bien et à partager sa joie. Je parle de ce désir de trouver un état de bien-être dans des situations, des personnes, des objets, des idées ou des concepts, des pratiques, une religion ou la spiritualité, qui ne peuvent pas offrir ce qu’on recherche. PhiD

Il y a donc le bonheur, puis seulement ensuite le partage qui amène naturellement la joie. Beaucoup de gens fonctionnent en sens inverse : ils partagent pour trouver le bonheur. Mais dans ce cas, ils ne donnent pas, ils prennent. Ce n’est plus du partage, c’est du business. L’autre devient un garant de mon bonheur, et a intérêt à le rester. Sinon soit je le vire, soit je le punis de ne plus me donner ce que j’exige de lui…

Se concentrer sur le chemin

Le bonheur est votre nature innée, il fait partie de votre ADN, vous ne pouvez pas ne pas être heureux. Il y a toujours quelqu’un qui dit : « Si le bonheur est vraiment ma nature innée, comment se fait-il que ma vie soit aussi merdique ? » La réponse à cette question est très simple : vous avez passé la plus grande partie de votre vie à apprendre à être malheureux. Comment ? En croyant à un schéma mental particulier :  si… alors… Si cela arrive, alors je serai heureux. [Rao Srikumar]

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